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Démarche

 

« On ne peut imaginer le moment, dans quelque culture que ce soit, où le bol n’était pas encore là. Comment boire autrement ? Qui l’a inventé ? ...
Le premier bol, est-ce de la culture, ou commence-t-elle seulement quand les premières entailles y sont creusées? Est-ce que l’art a commencé par là ? »  Cees Nooteboom
Voilà ce que l’on peut lire sur le mur de l’atelier d’Anne-Marie Bonave ... Quelle fantastique introduction à son travail ! .
Depuis de nombreuses années , AM B ne cesse de s’intéresser aux bols, à cet objet humble ou précieux que l’on trouve dans toutes les civilisations. Les symboliques qui lui sont attachés nourrissent son travail exigeant et intériorisé . Cette artiste, aux multiples techniques, aussi à l’aise les mains dans la terre qu’avec un pinceau gonflé d’encre, travaille souvent par séries passant d’un médium à l’autre pour nourrir sa réflexion .
Il y a une déjà une dizaine d’années, au fil des jours, son dessin épuré du bol répété comme une méditation au pinceau, a donné naissance à une écriture imaginaire qu’elle a nommée la Bolographie.
Avec bonheur, cette graphie s’est ensuite développée sur des formes archétypales, résultat de ses recherches sur les objets écrits de toutes civilisations (cônes, disques, stèles....) .
Ne gardant de l’objet que son esprit, on ressent dans ce travail la dimension poétique insufflée par la lecture de grands poètes, car n’oublions pas qu’Anne Marie réalise de superbes livres d’artistes seule ou avec des écrivains. L’ensemble de son travail est ainsi imprégné d’un «ton poétique» qui n’exclut pas la puissance de ses traits d’encre ou l’énergie qui se dégage de ses séries...

Depuis deux ans, sous le titre particulièrement sensible de «L’or de la fêlure» AM Bonave travaille sur la symbolique du kintsugi.
Dans la tradition japonaise, le kintsugi est le mode de réparation des bols de la cérémonie du thé. Les cicatrices sont soulignées de poudre d’or, l’objet réparé devient ainsi plus précieux que lorsqu’il était intact.
Effectué avec des laques, posées couche après couche, le processus est lent et minutieux.C’est afin de mieux entrer dans cet esprit de renouveau-consolation, qu’AM reprend ce travail avec les laques traditionnelles sur ses «blocs blessés», ses «plaques de ferveur» et ses «feuillets de carnets intimes» en céramique.
Ce thème est également magnifiquement repris dans la série des «Papiers écorchés» où le papier Arches après avoir souffert de l‘éraflure de l’outil est tendrement consolé par l’or qui souligne sa cicatrice . Au fil de la série, les dessins à la pierre noire ou à l’encre, parfois encore «bolographiques», se font de plus en plus minimalistes accentuant encore la puissance alchimique de l’or.
M.D.

 

 

Pourquoi les bols?

Cliquez sur l'image Pourquoi les bols? pour la voir en grand - Donaint-Bonave - Pourquoi les bols?
Parce que...
Parce que j'aime la terre qui les a façonnés
Parce que … tourner, émailler, cuire…

Parce que j'aime le raku et les haïkus.
Parce qu'ils chantent sous la main du musicien.

Parce que j'y retrouve toute la problématique de la sculpture.
Parce qu'à un vide doit répondre une courbe.
Parce qu'ils sont objets de méditation.

Parce qu'ils sont modestes.
Parce qu'ils sont dans toutes les civilisations.
Parce qu'ils sont liés à l'idée de partage et d'accueil.
Parce que j'aime les gestes qui leur sont associés.

Parce que la lumière leur tourne autour.
Parce que leurs courbes jouent avec la couleur.
Parce que leurs fêlures peuvent être recouvertes d'or.

Parce que ma peinture a besoin d'un sujet.
Parce que le sujet-bol s'efface derrière le sens,
Parce qu'il me permet de ressentir, de réfléchir sans s'imposer.

                                       AMDB 2005